Le blanchiment d'argent pour les nuls

« Voilà le principe : grâce à un petit trafic d'armes et de drogue, j'ai réalisé un bénef de 5 milliards d’€. Le problème, c'est que si j'utilise cet argent en m'achetant de belles voitures et des jolies villas avec piscine, les services fiscaux vont me tomber dessus en me disant « Comment, avec votre petit salaire de romancier, avez-vous pu vous offrir tout ça ? ». Et là, je n'ai pas de réponse, je suis coincé.

Il faut donc que je fasse croire au monde que je perçois de l'argent de façon honnête. En clair, que mon argent sale, et bien il faut que je le blanchisse !

Il y a plusieurs méthodes. Le casino est un classique. Je joue avec des jetons achetés en espèce et quand je gagne, je demande un beau papier officiel qui prouve que j'ai gagné. Avec cette méthode, je perds de l'argent puisqu'au total, j'ai misé 1 million d’€, et que je n'en ai gagné que 800 000. Sauf que le million que j'ai posé sur la table était sale. Tandis que les 800 000 sont tout propres !

Aux éventuelles questions indiscrètes, je mens allègrement : « J'ai eu une chance incroyable ! Ma mise de départ était de 1 000 euros et vous voyez tout ce que j'ai gagné ! ».

Avec ces 800 000 € propres, j'achète 1 appartement. Et là, bingo, je réussis à le vendre 4 Millions d’€ à une société située dans un paradis fiscal (dans la réalité, pour qu'elle m'achète cet appart' je lui ai donné 5 millions d'argent sale et la société m'a fait un beau chèque officiel d'argent qui devient ainsi propre. C'est clair ?).

J'ai refait plusieurs fois l'opération ce qui me fait passer, aux yeux de beaucoup, pour un as de l'immobilier. A chaque plus-valu, je paye ce que je dois au fisc qui est donc content de mes transactions.

Au total, j'ai récupéré ainsi pour plus d'1 milliard d'argent désormais propre. J'ai acheté plein d'appart's à Paris, Londres et New York (on est pas mal à faire ça, du coup, c'est sûr, ça gonfle les prix des murs et des loyers dans les grandes capitales).

Ces appartements, je les loue extrêmement chers. En fait, tellement chers que je n'arrive pas toujours à trouver de locataires, mais ça, je m'en moque. L'important pour moi est de déclarer chaque année au fisc que je gagne beaucoup d'argent, et donc d'afficher des revenus, ce qui me permet de blanchir le magot qui me reste.

Maintenant, je suis devenu notable, j'investis dans plein de clubs de foot, des assos caritatives, je suis respecté et je me fais plein d'amis parmi des élus pour qui, s'ils éprouvent quelques difficultés financières, je sais me montrer généreux. De quoi me forger un beau réseau ».

Bon, ne m'envoyez pas la police, tout ceci est fictif bien sûr ! Notre première BD, « Justeprix, la liquidation de l'or bleu », réalisée avec le dessinateur Philbé et le coloriste Emmanuel Béranger, traite de la spéculation. La prochaine, prévue pour 2019, sera une sale histoire de blanchiment d'argent.